Les tourbières stockent jusqu'à 40% du carbone total du sol. Leur rôle de puits de carbone est principalement causé par leur taux de décomposition beaucoup plus faible que leur taux de production. Ainsi, le carbone stocké dans les plantes par la photosynthèse est plus important que le carbone émis vers l'atmosphère par la décomposition. Cette décomposition plus lente en tourbière a longtemps été expliquée par la faible disponibilité de l'oxygène dans le sol des tourbières qui minimise la décomposition aérobique. Cependant, un nouveau mécanisme appelé « enzymic latch » ou « verrou enzymatique » propose que ce soit également l'accumulation des composés polyphénoliques qui inhiberait l'activité des enzymes et la croissance des microorganismes en sol tourbeux. L'objectif de ce projet de recherche consiste alors à faire une sélection de produits ayant un contenu élevé en polyphénols, qui sont facilement accessibles au Québec et qui sont des résidus industriels. Ces produits pourraient potentiellement être utilisés comme outil de géo-ingénierie afin de diminuer la décomposition en tourbière. Cette sélection s'appuie sur une revue de littérature ainsi que des analyses chimiques du contenu en phénol en laboratoire. Parmi les produits testés, l'écorce de bois et les feuilles de fraisier se sont avérées être de bons candidats. Ces produits sont intéressants notamment en raison de leur contenu en polyphénol élevé et ils sont des produits résiduels facilement accessibles au Québec. Ensuite, le biocharbon s'est démarqué en raison de son rôle important dans la captation du carbone et pourrait être une source de polyphénols à long terme selon la nature de la biomasse utilisée pour sa fabrication. Enfin, l'application de ces produits en tourbières pourrait éventuellement améliorer le rendement de la culture de sphaigne ou contribuer à l'augmentation de la captation de carbone pour lutter contre les changements climatiques.